La pré-éclampsie : définition, causes, symptômes, prévention et diagnostic
Définition de la pré-éclampsie
La pré-éclampsie (PE) est une complication spécifique de la grossesse qui se manifeste généralement à partir du deuxième trimestre (à partir de 20 semaines d'aménorrhée). Elle se caractérise par une élévation de la pression artérielle et une excrétion anormale de protéines dans les urines, résultant d'une série de dysfonctionnements causés par une perfusion placentaire insuffisante.
La PE affecte environ 1 à 2% des femmes enceintes et est responsable d'un tiers des naissances prématurées en France. Dans environ 10% des cas, la PE évolue vers une forme sévère qui peut mettre en danger la vie de la mère et du fœtus à naître. Elle constitue l'une des principales causes de décès maternels après l'hémorragie post-accouchement.
Bien que la prise en charge de la PE repose en partie sur l'évaluation clinique, la biologie joue un rôle crucial dans le dépistage, le suivi, le pronostic et la détection précoce de cette condition.
Les causes et facteurs de risques de la pré-éclampsie
La pré-éclampsie est une maladie multifactorielle, impliquant souvent un facteur génétique. Plusieurs facteurs de risque sont reconnus, notamment :
- Antécédents de pré-éclampsie
- Grossesse multiple
- Primiparité (première grossesse)
- Hypertension artérielle chronique, maladie rénale chronique, diabète
- Obésité (IMC > 30)
- Âge maternel supérieur à 40 ans ou inférieur à 18 ans
- Antécédents familiaux de pré-éclampsie (mère, grand-mère, etc.)
- Syndrome des ovaires polykystiques
- Maladies auto-immunes
- Changement récent de partenaire sexuel ou utilisation prolongée du préservatif (exposition minimale au sperme du partenaire avant la conception)
Les symptômes de la pré-éclampsie
- Maux de tête sévères et persistants
- Troubles visuels tels que sensibilité à la lumière, apparition de "mouches" ou de tâches devant les yeux, vision double, etc.
- Acouphènes (bourdonnements d'oreilles)
- Douleurs abdominales et diminution de la diurèse
- Nausées et vomissements
- Œdèmes, notamment au niveau des mains, des pieds, du visage et des chevilles, accompagnés d'une prise de poids rapide en quelques jours.
Les complications de la pré-éclampsie
La pré-éclampsie sévère
Les critères diagnostiques de la forme sévère de la pré-éclampsie reposent sur des manifestations cliniques et biologiques, notamment des atteintes rénales et hépatiques. Un symptôme caractéristique est une douleur abdominale persistante ou intense. Des manifestations respiratoires ou neurologiques doivent également être surveillées.
Les complications fœtales
La pré-éclampsie, étant une pathologie d'origine placentaire, entraîne des complications pour le fœtus en perturbant les échanges placentaires. Cela peut se traduire par un retard de croissance intra-utérin, une détresse fœtale aiguë pouvant entraîner la mort dans 2 à 5% des cas, ainsi que par une prématurité.
Les complications maternelles
La pré-éclampsie peut se compliquer rapidement, en particulier en l'absence de traitement adéquat. Toute complication, tant maternelle que fœtale, nécessite une intervention urgente, notamment une interruption de la grossesse, souvent par césarienne.
- L'éclampsie, une forme grave et potentiellement mortelle de la pré-éclampsie, se caractérise par des crises convulsives.
- L'hémorragie cérébrale.
- L'hématome rétro-placentaire, causé par le décollement du placenta.
- Le syndrome HELLP, caractérisé par une destruction des globules rouges et des plaquettes, ainsi qu'une grave atteinte hépatique.
- Les complications systémiques, affectant divers organes (foie, reins, poumons, cerveau, yeux), résultent de troubles sévères de la coagulation pouvant se manifester par des thromboses ou des hémorragies.
Prévention et diagnostic de la pré-éclampsie
Le dépistage urinaire
Le dépistage urinaire implique la mesure régulière de l'albumine dans un échantillon d'urine, à partir de la 20e semaine d'aménorrhée. En cas d'albuminurie excessive, un dosage sur un recueil urinaire de 24 heures est nécessaire.
Le diagnostic biologique
La concentration des protéines, ou protéinurie, doit être évaluée sur un recueil urinaire de 24 heures : si elle est élevée et associée à une hypertension artérielle, cela peut indiquer la présence de pré-éclampsie.
Ces analyses ne nécessitent pas d'être à jeun et sont intégralement prises en charge par l'Assurance Maladie sur présentation d'une ordonnance.
La prise en charge avant et après l’accouchement
Le traitement
Une hospitalisation est essentielle en cas de pré-éclampsie afin de :
- D’évaluer la gravité pour la mère.
- Étudier les conséquences sur le fœtus.
- Initier un traitement adapté selon les résultats du bilan : administration d'antihypertenseurs en cas d'hypertension artérielle (HTA) maternelle sévère.
- Déclencher l'accouchement, souvent de manière précoce et généralement par césarienne en cas d'urgence pour la mère et/ou le fœtus.
Si l'état de santé de la mère et du fœtus est stable, un traitement à domicile peut être envisagé conformément à un protocole de suivi obstétrical spécifique. En l'absence de complications graves, l'accouchement peut être programmé à partir de la 37e semaine de grossesse.
Le suivi de la mère après l’accouchement
Le recours à un traitement antihypertenseur n'est envisagé que si l'hypertension artérielle (HTA) sévère persiste après l'accouchement.
Un suivi médical régulier est recommandé car la pré-éclampsie, en particulier la survenue d'une HTA pendant la grossesse, accroît les risques à long terme d'HTA chronique, de récidive de pré-éclampsie lors de grossesses ultérieures, d'accidents cardiovasculaires (surtout en présence d'autres facteurs de risque cardiovasculaire) et de maladies rénales. Ce suivi à long terme comprend la surveillance de la pression artérielle et de la protéinurie chez la mère.
Pour les femmes envisageant une nouvelle grossesse, une consultation préconceptionnelle est conseillée pour anticiper au mieux la prise en charge obstétricale.
Les réponses à vos questions
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Qu’est-ce qu’une éclampsie ?
L’éclampsie est une complication redoutable de la pré-éclampsie qui se manifeste par une épilepsie généralisée, potentiellement fatale. Liée à l’hypertension artérielle mal contrôlée, l’éclampsie peut même survenir après l’accouchement, le plus souvent dans les 2 premiers jours. -
Comment prévenir et éviter la pré-éclampsie pendant la grossesse ?
La prévention de la pré-éclampsie repose sur le suivi mensuel par le gynécologue, la sage-femme ou le médecin généraliste, dans le but d’instaurer un traitement au plus vite si nécessaire.
Cette surveillance comprend :
- Le dépistage des facteurs de risque à la 1ère consultation
- Un examen clinique mensuel avec la mesure systématique de la pression artérielle
- Le dosage mensuel de la protéinurie au laboratoire de biologie médicale -
Quand commence la pré-éclampsie ?
La pré-éclampsie survient à partir de 20 semaines d’aménorrhée et parfois même après l’accouchement (jusqu’à 6 semaines). -
Comment se traite une pré-éclampsie ?
De manière générale, la survenue d’une pré-éclampsie entraîne une hospitalisation pour évaluation maternelle et fœtale. L’objectif de cette prise en charge est de prolonger la grossesse le plus longtemps possible dans l’intérêt du bébé à naître.
Selon la gravité de la pré-éclampsie, un traitement médicamenteux est prescrit pour :
- La mère, pour lutter contre une hypertension artérielle sévère et prévenir l’éclampsie
- Le fœtus, pour accélérer sa maturation pulmonaire en cas de pré-éclampsie, avant 34 semaines d’aménorrhée -
Comment diagnostiquer une pré-éclampsie ?
En cas de facteurs de risques ou de symptômes évocateurs, consultez votre médecin traitant, votre sage-femme ou votre gynécologue, afin de mesurer votre pression artérielle et doser vos protéines dans les urines au laboratoire de biologie médicale (protéinurie). -
Quels sont les signes d’une éclampsie ?
La pré-éclampsie ne provoque pas toujours de symptôme mais certains signes cliniques peuvent être observés :
- Maux de tête sévères et persistants
- Troubles de la vision (hypersensibilité à la lumière, « mouches », taches ou brillance devant les yeux, vision double…)
- Troubles de l’audition (acouphènes)
- Douleurs abdominales
- Nausées et vomissements
- Œdèmes (gonflement des mains, des pieds, du visage et des chevilles) et prise de poids rapide en quelques jours
- Diminution du volume des urines
- Augmentation de la pression artérielle